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Cachez cette assistante que je ne saurais voir
En première tribune pour le blog, j'ai eu envie de réfléchir sur quelque chose qui me taraude depuis que j'ai commencé à travailler.
Entre les difficultés à s'insérer en étant jeune diplômés, les refus d'entretiens et l'indifférence dont on est victime malgré nos 5 ans d'études, il y a une belle crise d'ego à gérer du haut de nos 20, 23, 25 ans. Car on se dit "j'ai étudié, je me sens fière de moi" mais on constate vite que le marché du travail n'est pas prêt.
Sans compter qu'en plus, nous ne possédons pas d'attributs masculins donc on peut s'asseoir sur nos 23% de salaire en moins et on ravale sa salive devant les remarques machos de son futur ex boss pendant nos premiers entretiens d'embauche. Passé ces premières difficultés, ce qui m'a le plus étonné, c'est le manque de reconnaissance du métier d'assistante (par assistante, j'entends au sens large, soit tous les métiers de l'assistanat quels qu'ils soient)...
Je n'ai personnellement pas fait le choix de mon métier, c'est lui qui est venu vers moi après des mois de recherches infructueuses. Il m'a fallu le dompter et admettre que oui, je suis une "assistante". Car quand on évolue au milieu de personne dont les métiers sont considérés comme "classe" ou "vrai métier", celui d'assistante sonne un peu comme le "job par défaut". L'équation pour les gens c'est assistante = secrétaire = hôtesse d'accueil = fais le café.
Je me suis demandé pourquoi, pourquoi ces boulots sont-ils vus comme des "déchets de métier" toujours liés à une femme forcément moins douée que les autres, blonde, mâchant un chewing-gum avec la voix de Florence Foresti et dont les principales activités seraient de sourire, faire le café et poster le courrier. Surtout que j'ai très vite compris que c'était loin d'être le cas.
Ce dédain je l'ai vu envers moi mais aussi envers d'autres. Un peu comme ces gens qui jugent les caissières qui auraient raté leur vie car faisant un métier dégradant ou comme ces parents dont le leitmotiv depuis l'âge de 6 ans est " faut bien travailler à l'école et faire des études si tu veux pas devenir éboueur/caissier/vendeur" (posez ici votre métier de la honte).
Le métier d'assistante ne déroge pas à cette règle. Peu considéré, parfois par sa propre famille ("tu as bac+5 et tu fais ça ?" "bon en fait tu prépares la table pour la réunion de ton patron" "bon au moins tes horaires sont cools"*) mais également par ses propres collègues qui aiment à se dire qu'ils te sont supérieurs et que forcément ils peuvent se donner le droit de te marcher dessus : te poser le courrier sans dire merci, te demander tout et n'importe quoi sans s'il vous plaît et parfois te glisser gentiment "en même temps c'est ton travail".
Et le pire c'est que ce dédain existe entre assistantes ! Un peu comme pour le droit des femmes, les femmes peuvent être parfois bien plus machos et réactionnaires que les hommes.
Ma question est simple : pourquoi ne peut-on pas voir le métier d'assistante au-delà de cet aspect que les gens considèrent dégradant ? La plupart des assistantes sont souvent chargée du développement, responsable juridique, responsable communication, responsable du recrutement....
Bref sans elles rien ne tourne. Y'a qu'à voir lorsque une assistante est absente.... "Comment signe-t-on un recommandé ?" "J'ai besoin de poser un congé". "Ah bon faut que je réponde au tel pendant son absence ?"Ce que je souhaite aujourd'hui c'est de pouvoir reconsidérer ces métiers de l'assistanat quels qu'ils soient : d'hôtesse d'accueil à assistante de direction, de chargée de communication à assistante technique. Comprendre qu'au-delà de ce mot, parfois péjoratif, "d'assistant" nous faisons parfois bien plus que notre simple métier.
Évidemment je me dois de modérer mon propos. Les nouvelles générations que j'ai pu rencontrer, des patrons différents, des expériences que j'entends autour de moi, me donnent espoir qu'un jour on passera devant moi le matin sans me regarder comme le bout de viande sans cervelle de l'accueil.
Qu'on puisse imposer nos règles et nos limites auprès de nos collaborateurs sans passer pour des chiennes de garde qui se doivent de rester à leur place.
Car s'imposer ce n'est pas sortir de son cercle d'assistante c'est pouvoir dire non aux personnes qui abusent de nous soit disant parce que nous sommes assistantes.
J'ai eu besoin de coucher ces mots car c'est un ressenti qui me suit au quotidien depuis que j'ai commencé à travailler. Je me suis rabaissée au point qu'en présentant mon métier à mes amis et ma famille je n'ai pas réussi à le valoriser, tellement persuadée qu'on allait me regarder avec ce petit air "mais c'est en attendant mieux hein ? "
Jusqu'au moment où une personne m'a dit "les assistantes c'est simple, elles devraient être payées plus cher que les autres salariés, dans une société, sans elles, rien ne tourne".
Et avec cette petite remarque, bah tu as envie de sourire et de revenir en boulot en te disant que ta chance c'est ne pas faire un mais plusieurs métiers et que c'est à toi de te convaincre que rien de ce que tu fais n'est dévalorisant. Il faut se dire qu'à notre échelle on fait tourner une société.
Et j'espère qu'un jour aussi, on pourra arrêter de parler de ce métier uniquement au féminin !
Dites-vous que si vous êtes assistante c'est que quelque part il y a des assistés !
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Commentaires
2NadineSamedi 23 Juillet 2016 à 21:45Bonsoir Hélène,
Décidément vos billets d'humeur arrivent toujours à point nommé pour me faire rire à un moment où le moral baisse.
Quand j'étais jeune et qu'on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais "tout sauf secrétaire". Preuve qu'alors le métier n'était pas non plus valorisé mais j'avais en tête un pool de dactylos en rangs dans une grande salle comme idée du métier.
Je suis assistante de direction depuis 34 ans et en recherche actuelle d'emploi.
Pendant mon année de CSP qui vient de se terminer, j'ai fait un CDD chez un dentiste de mes amis (financièrement seulement parce que j'avais le complément par POLE EMPLOI) et j'ai trouvé le vrai sens du mot assistanat. J'ai compris (ce que je n'avais à priori pas intégré avant) que notre métier est un métier de service. Ca m'a redonné confiance et c'était une belle expérience.
Et j'ai récemment rencontré une femme qui m'a dit être "office manager". Un peu bête, je demande exactement ce que c'est et en quoi ça consiste et voilà qu'elle m'énonce les tâches d'une assistante ! Est-ce que de changer le nom va revaloriser la profession ?
Ceci dit elle m'a aussi dit qu'il existe une formation d'office manager destinée aux assistantes !!!
Aujourd'hui je me dis que d'être consciente de la valeur de mon travail va peut-être changer la donne par rapport aux interlocuteurs, c'est peut-être seulement là la solution !
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Lundi 25 Juillet 2016 à 13:07
Bonjour !
Merci pour ce commentaire :)
L'office manager est le nouveau nom de l'assistante de direction en fait. Personnellement je n'aime pas tellement ce terme. Littéralement être "manager de bureau" n'est pas folichon :D
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Bonjour Nadine,
Je tiens à préciser que cet article n'est pas de moi, mais de SLn (rendons à César ce qui appartient à César !), dont je partage le point de vue.
Les formations Office Manager sont -à mon sens :
1) une façon de se mettre à jour pour les secrétaires/assistantes avec un peu d'expérience, ayant fait leur formation avant l'apparition du BTS assistante de manager
2) une façon pour certains centres de formation de se faire du fric en faisant croire à l'essor d'un nouveau métier alors qu'il s'agit simplement de reprendre un terme anglo-saxon pour un métier que nous faisons déjà.Après, contrairement à Émeline, ce terme ne me dérange pas.
Il a l'avantage de mettre tout le monde d'accord (sommes-nous assistantes ? secrétaires?).
Pour moi une office manager gère effectivement TOUT et a une vue d'ensemble dans les petites structures (moyens généraux, RH, gestion financière etc.). Mais je n'utiliserais pas ce terme pour une assistante rattachée uniquement au directeur etc. d'un grand groupe.Mais là on entre dans un débat sans fin sur l'appellation de notre métier
!
Surtout qu'il y a autant de postes différents que d'entreprises, de patrons et d'assistantes ...Mais si ça vous dit, on peut programmer un article sur tout ça ^^
4AnaïsLundi 25 Juillet 2016 à 17:13Merci pour cet article très juste sur la vision du métier d'assistante de direction par le reste du monde.
Ça faisait pas 6 mois que j'étais assistante et j'avais déjà compris à quel point ce poste était important dans une entreprise ! Et bien, je n'ai pas attendu pour le valoriser autour de moi (parce que, y'a pas d'raison ;-) entre autre en expliquant que je fais "tout sauf la partie technique" et si ce n'est pas assez clair, j'énumère. Au bout de 5 item, mon interlocuteur comprend très vite la montagne de travail accomplie chaque jour !!!
J'ai beaucoup de copin.e.s architectes, urbanistes, géographes. Je ne sais pas si c'est leur proximité avec moi ou non, mais elles.ils adulent leurs assistantes : "comment on ferait sans elle ?" ou "c'est simple, elle connait tout sur tout" ou encore"elle est teeeeeellement patiente" ! Ces petits phrases, ça fait vraiment du bien !
Je pense que la reconnaissance de la valeur de notre poste passe également par nos directions. Mes gérants se font un devoir de valoriser au maximum mon poste au sein de l'équipe : certe, je ne produit pas, mais on sait le pourcentage de productivité que je fais gagner à chacun (par exemple). Je dois, en réunion d'équipe, faire un point à tout le monde sur mes activités. Je dois également alerter si je suis débordée afin que tout le monde s'adapte. Bref, mon poste est géré exactement comme un poste technique. Et ça me fait un bien FOU !!!
Bref, merci pour cet article très bien vu et bonnes vacances à tout.e.s
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Mardi 26 Juillet 2016 à 08:50
Bonjour Anaïs,
Je te rejoins tout à fait ! Une assistante (quel que soit son domaine de prédilection) doit sa valeur à la reconnaissance de l'assisté :)
Malgré tout, on ne peut pas emmener son boss partout pour qu'il explique que sous ce terme d'assistante se cachent un tas de tâches parfois bien plus compliquées qu'on ne pourrait le penser :p
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Like the rights of women, women can sometimes be much more courageous and reactionary than men.
6JensJeudi 27 Décembre 2018 à 23:49Assistante commerciale, assistante de direction, assistante technique , depuis plus de 10 ans j'ai vécu dans toutes les sociétés que j'ai faite ce rabaissement , une assistante fait le travail des autres mais quand elle est débordée personne ne l'a regarde , le bonjour au assistante très peu parce qu'elles sont ignorées par contre on en reviens clairement a faire faire le café préparer les réunions ,nettoyer les toilettes nous sommes la les filles acceptées de vous regarder en face l'image de la secrétaire qui ne fait rien et ne sait rien faire et belle et bien là .
Perso je change de secteur j'ai donné dans ce domaine peut être vous faudra t il un niveau de rejet pour changer dans ce cas bon courage ...
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Mon dieu ces GIF m'ont tellement fait rire
"Car quand on évolue au milieu de personne dont les métiers sont considérés comme "classe" ou "vrai métier", celui d'assistante sonne un peu comme le "job par défaut". L'équation pour les gens c'est assistante = secrétaire = hôtesse d'accueil = fais le café. "
Ça me rappelle tellement qu'en soirée, même après 10 ans d'assistanat, je n'arrive pas à assumer les regards des potes qui, au détour d'une conversation lancent un :
- "et tu fais quoi dans la vie ?"
- "moi je suis pilote de ligne"
- "moi je suis développeur web"
- "moi je suis auditeur comptable"
- "et toi Emeline ?"
- "baaaah moi je suis ASSISTANTE DE DIRECTION"
- Ah... (ajoutez à cette petite onomatopée un regard de pitié qui jette un froid dans la soirée)
Merci en tout cas pour ce billet d'humeur particulièrement réussi, SLn, je te kiffe ! (et maintenant retourne faire le café et va poster mes reco ! :D)